Édition 2016

Stéphanie Solinas

La Méthode des lieux

Peut-on remonter le temps ? Stéphanie Solinas, artiste qui aime les énigmes, joue avec les protocoles, s’empare d’une matière austère : la halle dite « Lustucru », sise à Arles, un bâtiment au passé complexe et à la destinée inconnue, aujourd’hui vaisseau désolé, ouvert aux vents, abandonné en périphérie. Comment saisir la richesse de ses 110 ans d’histoire, la densité des vies qui l’ont peuplée, comment accéder à son identité, redécouverte en 2006 ?

Dans son travail d’investigation de cette halle métallique de 4 500 m2 , issue des ateliers Eiffel, née pour être le grand palais de l’Exposition coloniale de Marseille en 1906, déplacée pour devenir hangar agricole de stockage de riz, Stéphanie Solinas parcourt les fonds d’archives, enquête sur site, suit la piste de Marseille à Arles, identifie ses interlocuteurs qui, par leurs connaissances spécifiques, leur expérience singulière, sont à même d’éclairer ses recherches.

À l’image de la « méthode des lieux », technique classique croisant architecture et mémorisation permettant d’aider le travail de mémoire, Stéphanie Solinas construit. Qu’à partir d’un outil sociologique reconnu utilisant la photographie, elle articule une rencontre filmée de ses invités, journaliste, historien, botaniste, conservateur aux archives, photographe, ancien salarié de l’usine, médium, politique, etc., qu’elle bâtisse une chronologie d’images collectées ou fabriquées, qu’elle étudie les liens entre projection et construction, Solinas explore la mémoire comme un palais, où sont rangés les pensées, les images, les souvenirs, dont certains parfois demeurent cachés ou difficiles à retrouver.

Au cloître Saint-Trophime, elle présente une vidéo, Vingt-et-un mois, dernier vestige (2016) ainsi qu’une installation, Le Palais de l’esprit (2016), dispositif original de monstration qui permet de raconter, de partager, de donner à voir toute la richesse de ses investigations singulières.

Du XIXe au XXIe siècle, de l’histoire individuelle à celle d’un territoire, de la colonisation à la mondialisation, au travers de l’histoire de cette halle, Stéphanie Solinas propose l’exercice d’un regard rétrospectif comme matière à penser le contemporain, à façonner le monde de demain.

Paula Aisemberg et Stéphanie Solinas

Stéphanie Solinas est la récipiendaire de la nouvelle résidence artistique créée cet hiver par les Rencontres d’Arles et l’ENSP.
Avec le soutien du FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Remerciements à Rémy Barbe, Noémie Cuissard, Isabelle Aillaud, Robert Brun, Pierre Daum, Françoise Denoyelle, Gérard Detaille, Cécile Gasc, Eléonore Marantz, Jean-Bernard Memet, Claire Merryl, Estelle Rouquette, Sam Stourdzé, Frank Tassy, Nicole Yavercovski, Fonds Detaille, Archives municipales de Marseille, Archives de la Chambre de commerce de Marseille, Archives municipales d’Arles, médiathèque d’Arles, Richard Trinh, Claude Trinh, Fabrice Trinh, Capitaine Louis Casserra, Leica.

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