Édition 2016

Laia Abril

Histoire de la misogynie, chapitre un : de l'avortement

Fermée le 25 septembre 2016
Sans système de contraception, une femme tomberait enceinte en moyenne quinze fois dans sa vie et donnerait dix fois naissance. Parmi ces bébés, sept survivraient à l’enfance.

Pendant des siècles, on a cherché des méthodes pour retarder ou interrompre les grossesses. Aujourd’hui, bien qu’il existe enfin des manières d’avorter sûres et efficaces, des femmes continuent de recourir à des méthodes anciennes, illégales et risquées : 47 000 femmes meurent ainsi chaque année des suites d’avortements clandestins. Pourquoi prendre ce risque ?

Par-delà les pays et les religions, les lois et la pression sociale interdisent à des millions de femmes l’accès à l’avortement et les forcent à mener à terme des grossesses non désirées. Certaines d’entre elles sont mineures et ont été victimes de viols. D’autres ont des grossesses problématiques ou mettent leur santé en danger. Toutes risquent d’être criminalisées pour avoir tenté d’avorter. Au Salvador, même les femmes ayant subi une fausse couche sont poursuivies pour homicide et risquent des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à quarante ans.

Dans de nombreux pays, les médecins et les professionnels de santé ne cessent de violer le secret médical en dénonçant les femmes cherchant à pratiquer illégalement un avortement, et ce, même quand la survie de la patiente en dépend.
De plus, quiconque aide une femme à avorter dans un pays où c’est illégal risque la prison. Enfin, même dans des pays où l’avortement est légal, les équipes médicales qui en sont chargées risquent bien souvent leur vie pour pratiquer une telle opération.

Cette année, pour la première fois dans l’histoire, le pape a autorisé les femmes catholiques ayant avorté à être absoutes par tout prêtre et dans tout pays. Mais s’il s’agit là à première vue d’un progrès, cette décision ne fait en réalité que perpétuer le stigmate de la culpabilité qui entache les choix des femmes. Au même moment, des politiciens exploitent l’avortement par calcul électoral et font des questions reproductives un sujet politique plutôt qu’une question de droits.

Pour son projet De l’avortement, Laia Abril documente et conceptualise les risques encourus par ces femmes qui se voient refuser un accès libre, légal et médicalisé à l’interruption de grossesse. Adoptant une méthodologie scientifique rigoureuse, Laia Abril s’appuie sur le passé pour éclairer la longue érosion qu’ont connue les droits reproductifs des femmes jusqu’à nos jours. En tissant sa toile autour d’enjeux éthiques et moraux, Abril crée une série consacrée aux manifestations visuelles et textuelles des mécanismes sociaux, aux stigmates et aux tabous entourant l’avortement et restés jusqu’à maintenant grandement ignorés.

Tirages réalisés par Processus, Paris.
Encadrements réalisés par Plasticollage et Circad, Paris.

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