Accueil → EXPOSITIONS 2010 → Promenade avec les amis de la Fondation Luma/Prix Découverte → Roe Ethridge
Édition 2010
Roe Ethridge
Artiste présenté par Tom Eccles
L’approche conceptuelle de la photographie de Roe Ethridge s’attaque de manière ludique aux traditions et aux conventions de la photographie elle-même. En refusant la moindre autonomie de l’image individuelle, Ethridge réalise des juxtapositions inattendues de photographies en cou- leur en mêlant le domaine de la « photographie d’art » avec une imagerie plus communément associée au domaine commercial. Avec ses séries de photographies, dont résultent des formes variées d’analogies et de significations interstitielles, Ethridge propose une sélection d’images en apparence banales empreinte d’une touche d’hyperréalité troublante. Souvent, leur sensibilité décalée recèle une origine méticuleusement structurée, manufacturée. Si elles suivent une démarche généralement sérielle et thématique, les images au sein d’une série pourraient être perçues comme une sélection aléatoire sur un site d’images libres de droits. Le sens de l’œuvre se développe plus comme un essai photographique que comme images distinctes d’instants individuels, en rappelant le format éditorial d’un magazine. Des sujets en apparence très variés se côtoient et forcent le spectateur à se débattre avec les glissements entre différents univers : documentaire, mode, publicité, paysage, portrait, catalogue d’images. Influencé par la démarche d’appropriation et les approches conceptuelles sérielles de nombreux artistes depuis la fin des années 1970 et les années 1980, comme Richard Prince, Christopher Williams ou Thomas Ruff, le travail d’Ethridge renonce aux notions modernistes de l’originalité au sein d’une photographie pour embrasser une vision postappropriative du concept d’auteur dans laquelle le sens se cache dans les jonctions interstitielles, et est délimité par les moyens et les mécanismes de la remise en scène. Profitant des avancées numériques qui lui apportent désormais des possibilités jamais atteintes pour retoucher des images existantes, Ethridge est particulièrement à l’aise en tant qu’artiste actif aussi bien dans la photographie commerciale qu’artistique. Ce qui lui confère le potentiel de déformer stratégiquement des topologies photo- graphiques existantes et de suggérer des glissements entre celles-ci. En exhumant et en échantillonnant le passé de la photographie, Ethridge donne à voir délibérément une imperfection et retrace l’histoire, les genres et les styles photographiques dans le but de les opposer les uns aux autres. Il suggère ainsi que les différents domaines de la photographie – qu’ils soient « majeurs » ou « mineurs » – sont interchangeables dans la société actuelle dominée par la consommation. De plus, sa démarche révèle la proposition potentiellement déroutante que toute image – et par extension, tout objet lui-même – peut être substituée à une autre, ce qui insinue que notre contemporanéité pourrait être façonnée moins par les objets spécifiques que nous consommons, et plus par les modes d’approvisionnement et de distribution qui les acheminent autour du monde.
Deborah Singer
Exposition présentée à l’Atelier de Mécanique, Parc des Ateliers.
L’approche conceptuelle de la photographie de Roe Ethridge s’attaque de manière ludique aux traditions et aux conventions de la photographie elle-même. En refusant la moindre autonomie de l’image individuelle, Ethridge réalise des juxtapositions inattendues de photographies en couleur en mêlant le domaine de la « photographie d’art » avec une imagerie plus communément associée au domaine commercial. Avec ses séries de photographies, dont résultent des formes variées d’analogies et de significations interstitielles, Ethridge propose une sélection d’images en apparence banales empreinte d’une touche d’hyperréalité troublante. Souvent, leur sensibilité décalée recèle une origine méticuleusement structurée, manufacturée. Si elles suivent une démarche généralement sérielle et thématique, les images au sein d’une série pourraient être perçues comme une sélection aléatoire sur un site d’images libres de droits. Le sens de l’œuvre se développe plus comme un essai photographique que comme images distinctes d’instants individuels, en rappelant le format éditorial d’un magazine. Des sujets en apparence très variés se côtoient et forcent le spectateur à se débattre avec les glissements entre différents univers : documentaire, mode, publicité, paysage, portrait, catalogue d’images. Influencé par la démarche d’appropriation et les approches conceptuelles sérielles de nombreux artistes depuis la fin des années 1970 et les années 1980, comme Richard Prince, Christopher Williams ou Thomas Ruff, le travail d’Ethridge renonce aux notions modernistes de l’originalité au sein d’une photographie pour embrasser une vision postappropriative du concept d’auteur dans laquelle le sens se cache dans les jonctions interstitielles, et est délimité par les moyens et les mécanismes de la remise en scène. Profitant des avancées numériques qui lui apportent désormais des possibilités jamais atteintes pour retoucher des images existantes, Ethridge est particulièrement à l’aise en tant qu’artiste actif aussi bien dans la photographie commerciale qu’artistique. Ce qui lui confère le potentiel de déformer stratégiquement des topologies photo- graphiques existantes et de suggérer des glissements entre celles-ci. En exhumant et en échantillonnant le passé de la photographie, Ethridge donne à voir délibérément une imperfection et retrace l’histoire, les genres et les styles photographiques dans le but de les opposer les uns aux autres. Il suggère ainsi que les différents domaines de la photographie – qu’ils soient « majeurs » ou « mineurs » – sont interchangeables dans la société actuelle dominée par la consommation. De plus, sa démarche révèle la proposition potentiellement déroutante que toute image – et par extension, tout objet lui-même – peut être substituée à une autre, ce qui insinue que notre contemporanéité pourrait être façonnée moins par les objets spécifiques que nous consommons, et plus par les modes d’approvisionnement et de distribution qui les acheminent autour du monde.Deborah Singer
Exposition présentée à l’Atelier de Mécanique, Parc des Ateliers.