Édition 2011

Artiste présenté par Sam Stourdzé

Yann Gross

Honrizonville

Quand il est pris d’une envie de voyager, Yann Gross attelle une remorque à sa mobylette, embarque ses affaires et part le long de la vallée du Rhône. C’est là, cerné par les montagnes, qu’un peuple aux traditions séculaires a façonné la terre, à la force de son labeur, pour qu’elle le nourrisse. Alors comment imaginer que, sur cette terre, quelques-uns, réfractaires à l’idée d’un ici, se sont cherché un ailleurs. Et que cet ailleurs ne se trouve pas plus loin qu’ici.
Sous la forme d’un travestissement trompeur, cette Amérique d’ici, c’est celle des pionniers, celle des conquérants de la terre. Et le voyage de Yann Gross joue de toutes les ambiguïtés. Il se construit comme une plongée documentaire au côté d’une communauté imaginaire liée par l’apparence d’une conviction identitaire. Une identité qui finalement renforce son inscription locale. Bienvenue à Horizonville ! Sam Stourdzé
Quand il est pris d’une envie de voyager, Yann Gross attelle une remorque à sa mobylette, embarque ses affaires et part le long de la vallée du Rhône. C’est là, cerné par les montagnes, qu’un peuple aux traditions séculaires a façonné la terre, à la force de son labeur, pour qu’elle le nourrisse. Alors comment imaginer que, sur cette terre, quelques-uns, réfractaires à l’idée d’un ici, se sont cherché un ailleurs. Et que cet ailleurs ne se trouve pas plus loin qu’ici. Sous la forme d’un travestissement trompeur, cette Amérique d’ici, c’est celle des pionniers, celle des conquérants de la terre. Et le voyage de Yann Gross joue de toutes les ambiguïtés. Il se construit comme une plongée documentaire au côté d’une communauté imaginaire liée par l’apparence d’une conviction identitaire. Une identité qui finalement renforce son inscription locale. Bienvenue à Horizonville !

Sam Stourdzé

Basé sur un fait divers réel, le film de David Lynch The Straight Story (Une histoire vraie) narre le périple d’un retraité – Alvin Straight – qui va parcourir des centaines de kilomètres au volant d’un mini- tracteur pour se rendre au chevet de son frère mourant. Propulsé à faible vitesse, il lui faut près de six semaines pour atteindre son but, le temps nécessaire pour lui permettre d’opérer une contemplation stoïque des nuances subtiles qui façonnent son chemin. À travers ce road-movie vaguement parodique, Lynch dresse un portrait humaniste des trajectoires excentriques et des banlieues du rêve américain. Loin des étendues désertiques de l’Iowa ou du Wisconsin, Gross s’est inspiré de cet éloge de la lenteur pour découvrir la vallée du Rhône et ses environs. Au guidon d’une mobylette, équipée d’une petite remorque pour transporter son matériel photographique et sa tente de camping, il profite de cette autonomie de mouvement pour se déplacer au gré des temporalités qui rythment la vallée. Plutôt que d’emprunter les voies à grande vitesse, il a su développer une approche inscrite dans le temps long. Cette exploration patiente lui permet d’approcher des modes de vie excentrés, tout en portant une attention marquée aux détails furtifs qui se soustraient aux regards pressés. Horizonville se présente ainsi comme une investigation photographique minutieuse, soumise à des changements d’échelle continus. La porosité subtile entre la fiction et le documentaire permet d’interroger nos habitudes de parcourir, de percevoir ou de signifier un environnement donné. Ce «road-movie déphasé» aborde aussi bien des questions touchant à la réappropriation symbolique d’un lieu géographique, à la construction d’une communauté imaginaire ou à la relecture des codes éculés d’un genre cinématographique. Tout comme dans The Straight Story, cet humble art de la fugue s’avère être un moyen efficace pour tracer les formes d’exotisme qui se terrent dans la proximité des aires globalisées. Horizonville ne se trouve nulle part. C’est une compression spatio-temporelle, un horizon mythique, une vision exotique de l’Amérique vers laquelle les rêves et les regards peuvent converger en toute impunité. À travers le choix de ses modèles et ses mises en scène discrètes, Yann Gross devient en quelque sorte leur complice en magnifiant la charge de glamour qui alimente ce fantasme collectif. Il puise notamment dans des codes qui, tour à tour, renvoient à l’esthétique cinématographique ou à la longue tradition américaine en matière de photographie documentaire.
Joël Vacheron

Tirages réalisés par Photorotation, Genève.
Encadrements réalisés par Plasticollage et Jean-Pierre Gapihan, Paris.
Tirages réalisés par Photorotation, Genève.
Encadrements réalisés par Plasticollage et Jean-Pierre Gapihan, Paris.

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