Édition 2010

Marcos Adandia

Les mères des disparus

Il n’y a pas de mot pour décrire une mère qui a perdu son enfant. Une telle douleur ne peut être nommée.
Durant la dictature militaire, un épisode récent dans l’histoire de mon pays, un violent terrorisme d’État a fait 30 000 morts. Avec une vision perverse de l’avenir de la société, les autorités ont com- mis des actes de torture, des meurtres, persécutant enfants, femmes, personnes âgées, étudiants, ouvriers, journalistes, artistes, intellectuels... tous ceux qui exprimaient quelque chose qui sortait du cadre imposé par le pouvoir en place. Ce projet reposait sur une société paralysée par la peur et qui devait demeurer comme telle. C’est dans ce contexte, celui des jours les plus sombres de l’histoire de l’Argentine, que l’amour d’une seule mère a suffi à rassembler un groupe de femmes et à trouver le courage de s’affirmer aux yeux d’une société terrorisée : elles sont descendues dans la rue, ont frappé à toutes les portes et, devant l’indifférence et la moquerie des autorités, ont occupé le lieu le plus symbolique pour le peuple argentin : la Plaza de Mayo (place de Mai), devant le siège du gouvernement, la Casa Rosada. L’une après l’autre, elles se sont couvert la tête d’un linge de lin blanc. Il s’agissait des langes de leurs fils et filles, souvenir d’une époque plus clémente, de rêves plus radieux. Avec ces linges en guise de symbole d’espoir, celui de revoir leurs enfants un jour, elles ont formé un cercle qui ne serait jamais brisé. Depuis, et aujourd’hui encore, tous les jeudis après-midi, elles marchent en cercle autour de la pyramide de Mai, le symbole de la liberté de l’Argentine. Un rituel d’amour et de paix, tous les jeudis, pour l’éternité. Par la suite, les linges seront remplacés par des écharpes blanches, plus robustes. Les femmes, maintenant âgées pour la plupart, ont gardé intactes leurs illusions. Leurs yeux qui brillent posent la même question – pourquoi ? – comme une blessure ouverte qui saigne autant qu’au premier jour.
Marcos Adandia
Il n’y a pas de mot pour décrire une mère qui a perdu son enfant. Une telle douleur ne peut être nommée.Durant la dictature militaire, un épisode récent dans l’histoire de mon pays, un violent terrorisme d’État a fait 30 000 morts. Avec une vision perverse de l’avenir de la société, les autorités ont com- mis des actes de torture, des meurtres, persécutant enfants, femmes, personnes âgées, étudiants, ouvriers, journalistes, artistes, intellectuels... tous ceux qui exprimaient quelque chose qui sortait du cadre imposé par le pouvoir en place. Ce projet reposait sur une société paralysée par la peur et qui devait demeurer comme telle. C’est dans ce contexte, celui des jours les plus sombres de l’histoire de l’Argentine, que l’amour d’une seule mère a suffi à rassembler un groupe de femmes et à trouver le courage de s’affirmer aux yeux d’une société terrorisée : elles sont descendues dans la rue, ont frappé à toutes les portes et, devant l’indifférence et la moquerie des autorités, ont occupé le lieu le plus symbolique pour le peuple argentin : la Plaza de Mayo (place de Mai), devant le siège du gouvernement, la Casa Rosada. L’une après l’autre, elles se sont couvert la tête d’un linge de lin blanc. Il s’agissait des langes de leurs fils et filles, souvenir d’une époque plus clémente, de rêves plus radieux. Avec ces linges en guise de symbole d’espoir, celui de revoir leurs enfants un jour, elles ont formé un cercle qui ne serait jamais brisé. Depuis, et aujourd’hui encore, tous les jeudis après-midi, elles marchent en cercle autour de la pyramide de Mai, le symbole de la liberté de l’Argentine. Un rituel d’amour et de paix, tous les jeudis, pour l’éternité. Par la suite, les linges seront remplacés par des écharpes blanches, plus robustes. Les femmes, maintenant âgées pour la plupart, ont gardé intactes leurs illusions. Leurs yeux qui brillent posent la même question – pourquoi ? – comme une blessure ouverte qui saigne autant qu’au premier jour.

Marcos Adandia

Encadrements réalisés par Circad.
Exposition présentée à l’Atelier des Forges, Parc des Ateliers.
Encadrements réalisés par Circad.
Exposition présentée à l’Atelier des Forges, Parc des Ateliers.

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