Depuis plusieurs années, Alessandro Imbriaco s’intéresse aux questions sociales liées au mal-logement, récurrent dans les grandes métropoles. Parcourant Rome et son tissu urbain, il finit par découvrir un « jardin ». Livré à l’abandon, ce lieu situé sous un viaduc de la rocade romaine est devenu un îlot de survie pour une famille de sans-abri dont il nous conte l’histoire. Dans ce refuge sûr mais rudimentaire, Piero, immigré de Sicile et Luba, exilée de Russie, ont conçu et éduqué à l’insu de tous leur fille Angela aujourd’hui âgée de 7 ans. « Avec ce reportage photographique, j’ai tenté – tantôt en adoptant le point de vue d’Angela, tantôt par des portraits d’elle-même et de son entourage –, de restituer les lieux et les ambiances d’un autre mode d’existence, parfaitement insoupçonnable pour tous ceux qui empruntent chaque jour le viaduc qui sépare la grande ville de ce petit monde invisible. » Toute la force du travail d’Alessandro Imbriaco repose sur le trouble qui nous saisit à découvrir des images qui ne se présentent pas, de prime abord, sous les auspices du reportage social. Dans un univers végétal que l’on pourrait prendre pour une représentation transposée du jardin d’Éden, des êtres humains vivent et survivent dignement au sein d’une ville européenne du XXIe siècle, dans des conditions qu’on voudrait d’un autre âge...