Édition 2016

Yan Morvan

Champs de bataille

La guerre est père de toutes choses, roi de toutes choses, et il fait apparaître les uns comme dieux, les autres comme hommes, et il fait les uns libres et les autres esclaves.
Fragment d’Héraclite

Dans les années 1980-1990, Yan Morvan est un photojournaliste réputé ; il couvre entre autres les conflits les plus importants ; ses images font les unes des magazines ; il fait partie des meilleurs de la profession. Mais la vue prolongée de la violence et de la mort le font un jour douter du sens et de la légitimité de son métier de photographe de guerre. C’est ainsi qu’en 2004 il décide de changer d’approche et de méthode. La prise de vue de son sujet principal, la guerre, ne se ferait plus dans le tumulte meurtrier de l’action, en temps réel, mais longtemps après la bataille, dans la quiétude du paysage.

Des années, des siècles, des millénaires après que l’écho des armes a disparu, il part sillonner le monde. Emporté par une fuite en avant, il pose le trépied de sa Deardorff 20 x 25 là où les hommes se sont battus, et cela par tout temps et en toute saison. Ce travail dure dix ans. Il répertorie des lieux, amoncelle des dates, construit, pièce après pièce, un extraordinaire inventaire de la guerre.

Il retrouve toutes les typologies de la bataille, elles sont photographiées avec la même acuité et le même sens de l’observation qu’un soldat doit avoir sur le terrain. Ainsi s’égraine une longue série de champs ouverts, de forêts, de bords de mer, de ponts et de rivières, de villes et de remparts. On y découvre que l’art militaire, somme toute, se déroule selon des formes assez limitées dans le temps et dans l’espace. Après la guerre, la nature redevient l’immuable maîtresse des lieux, le paysage demeure aussi vaste que l’Histoire, la paix revient, mais l’interrogation reste. L’histoire de la guerre reflète-t-elle celle de l’humanité ?

Dans ses Champs de bataille, Yan Morvan ne tente pas de répondre à cette question, mais il la laisse à l’appréciation du lecteur. En revanche, au bout de cet eff ort inouï, il découvre avoir prolongé son travail de photographe de la guerre, l’ayant captée sur pellicule à travers le génie intemporel des lieux.

Marco Zappone

Textes : Gaëlle Maïdon et Sarah Bertin.
Remerciements à Vera Michalski.
Publication : Champs de Bataille, Éditions Photosynthèses, 2015.
Tirages et encadrements réalisés par l’Atelier Sunghee Lee, Arles.

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