Les photographies peuvent être considérées comme des points fixes au sein d’un processus de changement et d’altération. Elles se laissent approcher et examiner librement. Si les reconnaître procure un sentiment de confiance, elles ont aussi une autre nature, un versant dissimulé, non identifié. Il est difficile d’établir une frontière stricte entre fiction et réalité. Les souvenirs et les observations deviennent des expériences vivantes, que la fiction vient compléter, la reconnaissance servant d’intermédiaire entre ces deux champs. La silhouette d’une fillette ou d’une femme n’est pas celle d’une personne en tant que telle, mais plutôt un personnage dont l’échelle varie parfois – comme une figurine en papier, entre individu et image. Ce qui est reconnu au final dans l’image peut être « extérieur » à celle-ci, un élément imperceptible, un hors champ. Lors de cette expérience momentanée, quelque chose est révélé qui n’est pas de l’ordre de « ce qui a été », mais plutôt de l’ici et maintenant. Cette tentative de dépasser la surface de l’image vise à trouver des choses qui semblent familières à première vue, mais qui ont aussi d’autres significations que ce qu’elles représentent directement. Soit des potentialités qui ne sont accessibles qu’à travers l’image. Les entités des images sur lesquelles je travaille sont dans un état de perpétuelle évolution et altération. En ce sens, elles ne constituent pas des séries figées dans un certain mode de présentation. Selon les expositions, j’ajoute de nouvelles pièces et j’en retire d’autres. Les relations entre les images sont fondamentales, tout comme l’influence qu’elles exercent les unes sur les autres en fonction de leur emplacement dans l’espace d’exposition.

Anni Leppälä