Édition 2015
Artiste presentée par Fannie Escoulen
Pauline Fargue
Nul Jour
Comment désormais habiter
un paysage si le visible n’est que virtualité et que nos corps en sont inlassablement exclus ? Telle est la question qui hante mes installations (vidéo/son/sculpture/performance)
où le spectateur fait l’expérience
d’une immersion dans l’image.
Cette recherche trouve sa source
dans une pratique photographique atypique. Depuis une quinzaine d’années je manipule les images
dans des carnets toujours identiques. Huit mille pages où photo et
graphie se contaminent l’une l’autre, où la photographie devient matière
à travailler, découper, plier, traverser. Tout à la fois journal, méthode d’archivage et aventure collective,
ils témoignent d’un processus de travail incessant où le banal devient matrice de l’étrange, où l’arbitraire côtoie
le rituel et déploie une temporalité souterraine, un présent perpétuel.
Nul jour, le titre donné à cette pratique, ainsi qu’à toutes mes photographies, est emprunté à Pline l’Ancien — Nulla dies sine linea—, lequel l’attribue
à Apelle, un peintre de l’Antiquité grecque qui ne passait pas une journée sans tracer une ligne. Ici la ligne est
la phrase minuscule et quotidienne,
la rature du trait qui l’efface, le seuil
du paysage, le pli de l’image,
le lien qui nous tisse : le temps.
Pauline Fargue
Pauline Fargue
Avec le soutien du Figaro Magazine.
Tirages réalisés par l’Atelier Sunghee Lee, Arles.
Encadrements réalisés par Circad, Paris.
Exposition présentée à la Grande Halle,
Parc des Ateliers.