Si l’art peut être une forme
 de simulation de l’expérience similaire à celle que nous pouvons parfois trouver dans le rêve, c’est-à-dire
 un substitut de l’expérience véritable, alors Leakage, comme le reste de l’œuvre d’Anna Orlowska, peut être considéré comme une tentative pour construire de telles formes. Même si les images mentales précèdent en général les images photographiques,
 l’artiste se concentre avant tout ici
 sur le monde extérieur. C’est bien
 le monde et l’activité humaine qui forment le matériau de ces images. Parallèlement, pour Orlowska, l’image photographique est la plus minimaliste de toutes ces formes – plate, immuable, comme si l’univers tout entier était réduit à un bout de papier dans un cadre. Tout ce qui s’est passé avant que cette image soit prise 
reste invisible et continue pourtant
 de nous affecter. Par conséquent,
 ces images sont destinées à nous indiquer ces espaces invisibles tout
en nous poussant à nous interroger quant à la signification des scènes et des objets décrits. Elles s’intéressent 
à la fine frontière qui sépare le visible de l’invisible, l’illusion de la réalité
– une frontière sur laquelle nous sommes en perpétuel équilibre,
 à la recherche de réponses aux questions fondamentales que nous nous posons à propos de notre moi et de nos besoins. Pour Orlowska, voir
 ne signifie pas savoir : voilà pourquoi elle observe et traduit sa surprise et
 ses interrogations en images ouvertes.