Édition 2019
GALERIE TAKA ISHII, TOKYO, JAPON
HANAKO MURAKAMI
CONCEPTION
Et voici la photographie. Avant l’apparition de l’image technologique, il y eut l’émergence de son idée : sa conception. À travers une enquête sur les temps originels de son invention, Hanako Murakami nous propose une véritable épistémologie de la photographie.
En son centre, l’exposition évoque la présence, dans leurs boîtes de conservation, posées sur une caisse de transport, des 133 premières
expérimentations connues de Niépce. Il ne s’agit pas pour autant de faire l’exposé docte d’une somme de connaissances, puisque la recherche en histoire de l’art nous permet désormais d’y avoir accès. Hanako Murakami souhaite plutôt donner une dimension sensible à l’absence de ces preuves matérielles de l’origine du médium.
Les inventaires réalisés par l’artiste prennent une apparence systématique et rationnelle en faisant appel à des techniques obsolètes autant qu’aux technologies actuelles, pour mieux dépasser leur aspect matériel. Le son des pages feuilletées du livre original de 1839, par lequel Daguerre dévoila l’invention et son procédé, est associé à une liste, imprimée avec des caractères de plomb, qui dresse la nomenclature de tous les noms donnés à ce qui ne s’appelait pas encore « photographie », dans les tâtonnements de sa naissance.
L’examen d’un daguerréotype au microscope électronique montre le premier contact d’une plaque sensible avec la lumière. Le faisceau d’électrons, en balayant l’objet, le transforme irrémédiablement. En écoutant les Grecs anciens, ce point de fusion procède de la brûlure, au sens chimique comme métaphorique. Littéralement, le regard est ce qui brûle l’Autre, la chose représentée.
Avec Conception, Hanako Murakami actualise le potentiel mythique contenu dans les temps primitifs de la photographie. Chaque élément de son dispositif contribue à en proposer une dé» nition comme lieu de rencontre visuelle, sur une surface, avec le monde. En alliant un voyage scopique au plus profond de la vérité physique de la matière à une évocation poétique de son essence même, l’artiste fait naître en notre imaginaire une image mentale – celle que contient toute photographie dans sa latence.
Pascal Beausse
En son centre, l’exposition évoque la présence, dans leurs boîtes de conservation, posées sur une caisse de transport, des 133 premières
expérimentations connues de Niépce. Il ne s’agit pas pour autant de faire l’exposé docte d’une somme de connaissances, puisque la recherche en histoire de l’art nous permet désormais d’y avoir accès. Hanako Murakami souhaite plutôt donner une dimension sensible à l’absence de ces preuves matérielles de l’origine du médium.
Les inventaires réalisés par l’artiste prennent une apparence systématique et rationnelle en faisant appel à des techniques obsolètes autant qu’aux technologies actuelles, pour mieux dépasser leur aspect matériel. Le son des pages feuilletées du livre original de 1839, par lequel Daguerre dévoila l’invention et son procédé, est associé à une liste, imprimée avec des caractères de plomb, qui dresse la nomenclature de tous les noms donnés à ce qui ne s’appelait pas encore « photographie », dans les tâtonnements de sa naissance.
L’examen d’un daguerréotype au microscope électronique montre le premier contact d’une plaque sensible avec la lumière. Le faisceau d’électrons, en balayant l’objet, le transforme irrémédiablement. En écoutant les Grecs anciens, ce point de fusion procède de la brûlure, au sens chimique comme métaphorique. Littéralement, le regard est ce qui brûle l’Autre, la chose représentée.
Avec Conception, Hanako Murakami actualise le potentiel mythique contenu dans les temps primitifs de la photographie. Chaque élément de son dispositif contribue à en proposer une dé» nition comme lieu de rencontre visuelle, sur une surface, avec le monde. En alliant un voyage scopique au plus profond de la vérité physique de la matière à une évocation poétique de son essence même, l’artiste fait naître en notre imaginaire une image mentale – celle que contient toute photographie dans sa latence.
Pascal Beausse
Commissaire de l’exposition : Pascal Beausse.