Édition 2012

Artiste présenté par Tadashi Ono

Osamu James Nakagawa

À Okinawa, les falaises abruptes qui se déversent dans l’océan, à des centaines de mètres plus bas, sont appelées banta. Depuis des années, je me remémore le moment où je me suis tenu en haut de ces falaises pour la première fois – un souvenir d’une beauté intense, celle de l’étendue sans fin du bleu des eaux et du ciel, rendue plus vive encore par la hauteur redoutable, et le lourd passé de ces falaises qui me venait à l’esprit dès que je regardais en contrebas. Ce souvenir m’a poussé à reve- nir et à descendre ces mêmes falaises. Debout, à leurs pieds pour la première fois, j’ai senti leur poids si puissamment sur mon corps que j’ai d’abord été incapable d’en prendre la moindre
photographie. Je suis retourné à mon atelier après six mois de recherches et d’exploration dans le sud du Pacifique, avec des milliers d’images de ces falaises à recons- tituer en un ensemble. Tandis que je redonnais forme à ces images numé- riques premières, les falaises devenaient une métaphore de l’histoire d’Okinawa et, en même temps, de par leurs manipulations numériques, des visions hyperréalistes de mon expérience, entre peur et beauté, sur les banta d’Okinawa. Du haut des falaises banta, les mabui – esprits des morts de la terre –, me menèrent au fond des grottes gama. Il s’agit du sanctuaire des esprits d’Okinawa – ses ancêtres, son histoire, sa mémoire. Enveloppé dans la pénombre, comment pouvais-je y distinguer la moindre chose ? Pourtant, au cœur de la matrice de notre planète, profondément enfouies, les conversations se poursuivent. Une torche à la main, je cherchais tout ce que je pourrais y trouver, incapable d’éclairer ce qui m’entourais. Qu’y entendais-je ? Que pouvais-je rapporter de leurs paroles ? De quelle manière ces images des profondeurs pourraient-elles faire sens pour les autres spectateurs ? Ces questions continuaient de résonner dans mon esprit, alors que je quittais les tréfonds des grottes pour rejoindre mon atelier et donner forme aux esprits de ce lieu.
Des milliers de civils ont été poussés au suicide pendant la bataille d’Okinawa et se sont jetés du haut des abruptes falaises de l’île. Des milliers d’autres moururent dans les grottes gama, au cœur des terres – sous leurs propres coups, ceux de leurs voisins ou des militaires qui se bat- taient pour le contrôle de l’île.
Osamu James Nakagawa
photographie. Je suis retourné à mon atelier après six mois de recherches et d’exploration dans le sud du Pacifique, avec des milliers d’images de ces falaises à reconstituer en un ensemble. Tandis que je redonnais forme à ces images numériques premières, les falaises devenaient une métaphore de l’histoire d’Okinawa et, en même temps, de par leurs manipulations numériques, des visions hyperréalistes de mon expérience, entre peur et beauté, sur les banta d’Okinawa. Du haut des falaises banta, les mabui – esprits des morts de la terre –, me menèrent au fond des grottes gama. Il s’agit du sanctuaire des esprits d’Okinawa – ses ancêtres, son histoire, sa mémoire. Enveloppé dans la pénombre, comment pouvais-je y distinguer la moindre chose ? Pourtant, au cœur de la matrice de notre planète, profondément enfouies, les conversations se poursuivent. Une torche à la main, je cherchais tout ce que je pourrais y trouver, incapable d’éclairer ce qui m’entourais. Qu’y entendais-je ? Que pouvais-je rapporter de leurs paroles ? De quelle manière ces images des profondeurs pourraient-elles faire sens pour les autres spectateurs ? Ces questions continuaient de résonner dans mon esprit, alors que je quittais les tréfonds des grottes pour rejoindre mon atelier et donner forme aux esprits de ce lieu.Des milliers de civils ont été poussés au suicide pendant la bataille d’Okinawa et se sont jetés du haut des abruptes falaises de l’île. Des milliers d’autres moururent dans les grottes gama, au cœur des terres – sous leurs propres coups, ceux de leurs voisins ou des militaires qui se battaient pour le contrôle de l’île.

Osamu James Nakagawa

Encadrements réalisés par Plasticollage, Paris.
Exposition présentée à l’atelier de Mécanique, parc des Ateliers.
Encadrements réalisés par Plasticollage, Paris.
Exposition présentée à l’atelier de Mécanique, parc des Ateliers.

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