En septembre 1995, Hans van der Meer commence à photographier des matchs de football des divisions inférieures. Il s'agit alors pour lui de retrouver le sport des débuts, il y a maintenant plus d’un siècle : un terrain, 22 joueurs, aucun spectateur, un cheval dans le champ d'à côté… Loin de l'image du football professionnel actuel, ce projet baptisé Hollandse Velden (« Terrains de Hollande »), est un moyen de montrer que « le football fait partie de notre culture, ces terrains font partie de nos paysages. Par rapport à sa population, la Hollande a plus de terrains que n'importe quel autre pays au monde. Même la plus petite commune possède au moins un club. Pour trouver les images de Hollandse Velden, je me suis rendu à plus de 350 endroits, à la recherche de terrains dont le cadre paysager offrait un intérêt particulier. J'avais besoin de cela pour montrer que le football est partie de notre culture. » La sortie de l’ouvrage Hollandse Velden (Éditions De Verbeelding, 1998) coïncidait avec la Coupe du Monde de Football de 98, qui a eu lieu en France. Pendant l’événement, les images du livre ont été exposées à l'Institut Néerlandais à Paris, aux côtes du projet No Mundo Maravilhoso do Futebol, réalisé par le photographe anglais Julian Germain. En décembre 1998 l'exposition Hollandse Velden fut accueillie au Nederlands Foto Instituut à Rotterdam, et ensuite au Kyoto National Museum (Japon), à la World Expo à Hanovre (Allemagne), à Evora (Portugal), à Prato (Italy) et au Stedelijk Museum à Amsterdam. « Les images à la fois drôles, émouvantes, touchantes d'humanité sont on ne peut plus hollandaises. Des joueurs d'un certain âge tombent devant les cages, ratent des tackles, se blessent et récupèrent les remises en jeu sous un vaste ciel au milieu de paysages qui s'étendent à perte de vue. » Brilliant Orange de David Winner Bloomsbury, London, 2000
Scène de football provençal
Avec le soutien du Centre national des arts plastiques et des Rencontres d’Arles, « L'hiver dernier, j'ai passé quelques semaines en Provence pour repérer les terrains de football de la région d'Arles. De villages comme Oppède, caché derrière les collines du Luberon, aux zones industrielles de l'Étang de Berre, je cherchais les terrains « typiques », notant au fur et à mesure les rencontres programmées. Ma préférence va à la « Quatrième Division », c'est là que l'on trouve le vrai drame du football. Si le niveau du jeu est bas, il est compensé par la passion des joueurs devenus pour ainsi dire insensibles au monde extérieur, que le match se déroule à côté d'une vigne ou avec seulement une paire de moutons comme spectateurs. C'est cette passion qui transforme un garagiste sympa en défenseur acharné dont les tackles loupent souvent le ballon, mais jamais le tibia de l'adversaire… Ces dernières années, j'ai assisté, partout en Europe, à beaucoup de matchs de ce type, mais je dois dire que les Français sont de loin les plus forts en « cinéma ». Ils contestent systématiquement les décisions de l'arbitre, suite à un tackle ils tombent par terre comme des cygnes à l'agonie… Les bagarres ne sont pas rares – il m'est même arrivé de voir une ambulance sur le terrain – mais globalement l'ambiance est sans agressivité : on est tout de même loin de la Ligue de Champions. En tant que photographe, j'ai toujours préféré le train-train aux grands événements. Monté sur mon escabeau placé vers la surface de but, j’attends avec le goal la moitié du temps tandis que le jeu se fait à l'autre bout du terrain . On dirait une scène de théâtre presque déserte attendant l'arrivée des comédiens. » Hans van der Meer