Édition 2004
DAYANITA SINGH
Vies privées
Depuis 1992, Dayanita Singh photographie « son » Inde : ses amis, leurs familles, les amis de ses amis, leur environnement familial. La série Portraits de famille est consacrée à des gens aisés et oisifs, disposant de domestiques, palaces et chiens de race. Puisant dans le quotidien de connaissances issues d'un milieu traditionaliste, Dayanita Singh montre une Inde méconnue, inscrite entre parenthèse au sein d’un pays à la réalité sociale difficile, une Inde qui demeure, même pour beaucoup des compatriotes de Dayanita Singh, un monde secret, impénétrable. Ce regard d'initiée nous conduit au cœur d'un mode de vie souvent considéré comme l'apanage des métropoles occidentales. Il nous livre les détails - aussi étonnants qu'intimes - de la société indienne contemporaine. Sa démarche et le regard qu'elle porte sur la vie de famille dans ces intérieurs traditionnels ou modernes, renvoient font écho au roman épique indien, dans lequel deux ou trois familles forment le microcosme de tout un sous-continent. Ces images racontent une vie bourgeoise, marquée à la fois par la culture traditionnelle, les vestiges du colonialisme, les appartenances religieuses, les mœurs et les symboles des années post-Indépendance. Depuis les années 90, une société pan-indienne émerge, à laquelle ont largement contribué l’essor du voyage à l’étranger et l'avènement d'Internet (contacts avec la diaspora et participation à une économie libéralisée). Familles élargies, cultivées, telles qu'il n'en existe quasiment plus en Occident, il s'agit là d'une Inde en phase de transition, entre tradition et modernité, conjuguant fragmentation et occidentalisation.
Dr .Britta Schmitz, Nationalgalerie im Hamburger Bahnof.
Dr .Britta Schmitz, Nationalgalerie im Hamburger Bahnof.
Exposition réalisée avec la collaboration de la Frith Street Gallery, Londres (Angleterre).