Le projet de François Bellabas An Electronic Legacy témoigne d’une recherche où l’intelligence artificielle est désormais envisagée dans sa généalogie, à travers différentes générations d’outils. L’image, considérée comme une donnée, est devenue la clé de voûte d’un système où l’humain évolue indistinctement entre espace réel et espace virtuel. L’exposition s’articule autour d’un motif: le feu.

2016 : l’artiste passe plusieurs semaines en Californie alors que d’immenses feux de forêt sévissent. Il photographie cette Amérique mythique en flammes, souvent depuis la route. Ciels tourmentés, paysages arides ou banlieues pavillonnaires, les lumières sont intenses, surnaturelles, voire apocalyptiques.

2018 : le machine learning s’accélère. L’artiste décide alors de soumettre à une IA de première génération (un GAN ou réseau antagoniste génératif) les 5 000 premières prises de vues réalisées en Californie où le feu est souvent présent, mais pas exclusivement. La machine reconnaît ce motif qui vient contaminer l’ensemble de la séquence d’images présentée. L’image entre en collision avec la machine : les glitchs et autres distorsions s’accumulent. Cette collection d’images vernaculaires à l’esthétique désormais codifiée et datée est néanmoins le symptôme d’un rapport à la mémoire, au stockage et à la compilation largement modifié par les outils technologiques.

2023 : ChatGPT, Dall-E et Mid-Journey font une entrée tonitruante dans nos vies. L’artiste envisage sa base de données hybridée à l’aune de cette nouvelle génération technologique pour nous faire entrer dans une installation immersive où les paysages qui brûlent sous nos yeux sont le reflet d’un monde jouable où la dystopie s’est installée.