Édition 2008

ALAIN-CHARLES BEAU

Avec Christian Lacroix, 1995-2000

« J’ai d’abord rencontré ses adolescents entre deux mondes puis ses novilleros entre sol y sombra, vie et mort, peur et triomphe. Depuis quinze ans, il relate fidèlement essayages et coulisses, autres espaces-temps en équilibre transitoire, passages initiatiques. » Christian Lacroix

Avec Christian Lacroix, 1995-2000
J’ai d’abord rencontré « virtuellement » Christian Lacroix, au travers des films que je réalisais pour son premier parfum. On avait rassemblé pour moi des documents, des articles de presse, des photographies de famille, dont certaines m’ont troublé par leur beauté. Puis ce fut une rencontre, furtive, en avril 1990, à Arles, pendant la féria de Pâques. Je ne voulais pas le déranger. Le soir, je lui ai écrit un message, dans lequel j’avais recopié un extrait de Héliogabale ou l’Anarchiste couronné d’Antonin Artaud*. « Héliogabale …/… passe …/… de pierre en pierre, de robe en robe, de fête en fête et d’ornement en ornement. À travers la couleur et le sens des pierres, la forme des robes, l’ordonnance des fêtes, des bijoux qui battent à même sa peau, son esprit fait d’étranges voyages. C’est ici qu’on le voit pâlir, qu’on le voit trembler, à la recherche d’un éclat, d’une aspérité à laquelle il s’accroche, devant la fuite effroyable de tout. C’est ici que se manifeste une sorte d’anarchie supérieure où sa profonde inquiétude prend feu ; et il court de pierre en pierre, d’éclat en éclat, de forme en forme, et de feu en feu, comme s’il courait d’âme en âme, dans une mystérieuse odyssée intérieure que personne après lui n’a plus refaite. » Christian Lacroix m’a alors proposé un rendez-vous pour lui montrer mes premières images de novilleros. Son univers semblait faire partie de la même histoire, des mêmes désirs esthétiques. Ainsi, quelques années plus tard, il m’a ouvert sa maison de couture et, de janvier 1995 à juillet 2000, j’ai photographié discrètement son travail avec mon Leica M4P et un objectif Sumilux de 35 mm. Plus tard, Christian Lacroix et moi-même, nous nous sommes aperçus que nous étions nés le même jour, un 16  mai… Je me suis alors souvenu qu’Héliogabale avait été mené aux légions et « sacré » empereur dans la nuit du 15 au 16 mai 217… Le texte d’Antonin Artaud sur ce jeune et terrible empereur n’a plus jamais quitté mon esprit quand je photographiais Christian Lacroix durant toutes ces années.
Alain-Charles Beau
*Héliogabale ou l’Anarchiste couronné d’Antonin Artaud, collection L’imaginaire Gallimard, 1979.

Remerciements : PIXIES FILMS. Rémy Badan, Laurent Doumas, Kalthoum Laporte. Tirages réalisés par le laboratoire PICTO. Projection : réalisation Le Tambour qui parle.

Exposition présentée au palais de l’Archevêché.

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