Édition 2010

Paolo Woods

Walk on my eyes (Marche sur mes yeux)

J’ai commencé un projet de photographie documentaire sur la société iranienne lors de l’élection du président Ahmadinejad en 2005. J’avais le sentiment que l’arrivée de ce chef d’État à la fois populiste et extrémiste allait rapidement creuser un fossé entre l’Iran tel qu’il était perçu par l’Occident, et le pays tel que je le connaissais depuis mes premiers voyages six ans plus tôt. Je me suis donc mis à tirer le portrait d’une société bien plus vaste, humaine et complexe que les stéréotypes qui la plombent depuis la Révolution islamique. J’ai commencé à explorer l’esprit iranien et l’identité nationale à travers le prisme de sujets individuels. C’est le caractère théâtral et la dualité de la société persane qui m’ont attiré : la profonde croyance religieuse des Iraniens en dépit de l’usage retors de la religion par le régime ; la confrontation constante entre modernité et tradition, souvent au sein d’une même personne ; la recherche obsessionnelle de la réussite personnelle dans un système dominé par des valeurs collectives et dans lequel la souffrance est affichée comme une qualité. Je voulais montrer que les Iraniens peuvent être étonnants, loufoques, audacieux, insolents et insatisfaits, et que par conséquent, ils ne constituent pas un bloc homogène comme le régime aimerait nous le faire croire. J’ai travaillé avec l’auteur Serge Michel, dans un climat d’événements politiques majeurs : l’émergence de l’Iran comme puissance régionale, voire nucléaire ; le 30e anniversaire de la Révolution islamique ; la réélection frauduleuse d’Ahmadinejad ; l’apparition du Mouvement vert et sa violente répression. C’est à ce moment précis de l’histoire où l’Iran se retrouve au centre géographique, mais aussi stratégique, de la guerre en Irak et en Afghanistan, et à l’origine de beaucoup de tensions entre les États-Unis et la Chine, qu’un regard plus personnel, plus intime sur son peuple prend à mon avis toute son importance. De plus, ayant vécu les événements de juin 2009, et suivant au jour le jour, hélas à distance, la situation en Iran, j’ai commencé à collectionner les images prises par les Iraniens qui témoignent de l’acharnement brutal contre le Mouvement vert. Ces photos, souvent prises avec des téléphones mobiles ou des appareils amateurs, sont vite devenues l’unique preuve visuelle de la violence post-électorale. Elles se sont disséminées à travers le monde grâce à Internet et sont souvent devenues des icônes, ce qui marque une nouvelle ère du journalisme citoyen. Une sélection de ces images sera également exposée.
Paolo Woods
La production de cette exposition est soutenue par Olympus. Tirages réalisés par I-Lab.
Encadrements réalisés par Jean-Pierre Gapihan. Projection réalisée par Olivier Koechlin et Valéry Faidherbe. Exposition présentée salle Henri-Comte.
J’ai commencé un projet de photographie documentaire sur la société iranienne lors de l’élection du président Ahmadinejad en 2005. J’avais le sentiment que l’arrivée de ce chef d’État à la fois populiste et extrémiste allait rapidement creuser un fossé entre l’Iran tel qu’il était perçu par l’Occident, et le pays tel que je le connaissais depuis mes premiers voyages six ans plus tôt. Je me suis donc mis à tirer le portrait d’une société bien plus vaste, humaine et complexe que les stéréotypes qui la plombent depuis la Révolution islamique. J’ai commencé à explorer l’esprit iranien et l’identité nationale à travers le prisme de sujets individuels. C’est le caractère théâtral et la dualité de la société persane qui m’ont attiré : la profonde croyance religieuse des Iraniens en dépit de l’usage retors de la religion par le régime ; la confrontation constante entre modernité et tradition, souvent au sein d’une même personne ; la recherche obsessionnelle de la réussite personnelle dans un système dominé par des valeurs collectives et dans lequel la souffrance est affichée comme une qualité. Je voulais montrer que les Iraniens peuvent être étonnants, loufoques, audacieux, insolents et insatisfaits, et que par conséquent, ils ne constituent pas un bloc homogène comme le régime aimerait nous le faire croire. J’ai travaillé avec l’auteur Serge Michel, dans un climat d’événements politiques majeurs : l’émergence de l’Iran comme puissance régionale, voire nucléaire ; le 30e anniversaire de la Révolution islamique ; la réélection frauduleuse d’Ahmadinejad ; l’apparition du Mouvement vert et sa violente répression. C’est à ce moment précis de l’histoire où l’Iran se retrouve au centre géographique, mais aussi stratégique, de la guerre en Irak et en Afghanistan, et à l’origine de beaucoup de tensions entre les États-Unis et la Chine, qu’un regard plus personnel, plus intime sur son peuple prend à mon avis toute son importance. De plus, ayant vécu les événements de juin 2009, et suivant au jour le jour, hélas à distance, la situation en Iran, j’ai commencé à collectionner les images prises par les Iraniens qui témoignent de l’acharnement brutal contre le Mouvement vert. Ces photos, souvent prises avec des téléphones mobiles ou des appareils amateurs, sont vite devenues l’unique preuve visuelle de la violence post-électorale. Elles se sont disséminées à travers le monde grâce à Internet et sont souvent devenues des icônes, ce qui marque une nouvelle ère du journalisme citoyen. Une sélection de ces images sera également exposée.

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