Édition 2011

Artistes présentés par Sam Stourdzé

Jean-Luc Cramatte & Jacob Nzudie

SUPERMARCHÉ
Lorsque Cramatte rencontre Nzudie, le photographe du supermarché de Yaoundé, il est interpellé par l’effet d’une pratique vernaculaire. De leur projet naît la tentative de rendre compte d’une activité commerciale aux ramifications multiples. Pour que l’improbable studio du photographe se soit déployé dans les allées du supermarché, encore fallait-il qu’il soit le territoire d’un enjeu social. À l’évidence, le supermarché de Yaoundé s’affirme comme le lieu d’une conquête sociale. Les clients de Nzudie sélectionnent avec attention leurs rayons préférés comme le gage de leur succès, celui de l’accession à la consommation. Pour en témoigner, le regard appliqué du photographe qui vend ses portraits. Des photographies qui, dans leurs répétitions, additionnent les envies de paraître ; des photographies qui, par accumulation, composent un vaste portrait sociologique. Choisie par Cramatte, la succession infinie des portraits de Nzudie épuise la sérialité. Et lorsque tous les artifices sont tombés, c’est la photographie elle-même qui se raconte. Elle raconte l’autre histoire, celle d’une image pauvre à l’ombre d’une jungle urbaine. Sam Stourdzé
SUPERMARCHÉ

Lorsque Cramatte rencontre Nzudie, le photographe du supermarché de Yaoundé, il est interpellé par l’effet d’une pratique vernaculaire. De leur projet naît la tentative de rendre compte d’une activité commerciale aux ramifications multiples. Pour que l’improbable studio du photographe se soit déployé dans les allées du supermarché, encore fallait-il qu’il soit le territoire d’un enjeu social. À l’évidence, le supermarché de Yaoundé s’affirme comme le lieu d’une conquête sociale. Les clients de Nzudie sélectionnent avec attention leurs rayons préférés comme le gage de leur succès, celui de l’accession à la consommation. Pour en témoigner, le regard appliqué du photographe qui vend ses portraits. Des photographies qui, dans leurs répétitions, additionnent les envies de paraître ; des photographies qui, par accumulation, composent un vaste portrait sociologique. Choisie par Cramatte, la succession infinie des portraits de Nzudie épuise la sérialité. Et lorsque tous les artifices sont tombés, c’est la photographie elle-même qui se raconte. Elle raconte l’autre histoire, celle d’une image pauvre à l’ombre d’une jungle urbaine.

Sam Stourdzé


Jacob Nzudie photographie ses clients dans un supermarché au Cameroun tels qu’ils désirent être vus. Ce lieu n’est pas anodin. Destiné à une clientèle privilégiée, souvent composée d’expatriés occidentaux, il n’accueille pas la plupart des Camerounais. Il est utilisé par certains de ceux qui le fréquentent comme un instrument de rêve. On se rêve en nanti, en « indigène évolué » qui se passerait des marchés à ciel ouvert, de leur manque d’hygiène, de leur offre de produits exclusive- ment locaux et de la promiscuité des compatriotes peu fortunés. Le supermarché nourrit le fantasme. Même si ce sont d’abord les nécessités professionnelles et économiques qui ont conduit Nzudie à faire du magasin son « studio », son travail photographique possède un sens caché : sa production explicite les rapports ambigus de ses compatriotes à l’urbanité et le désir d’ascension sociale dans cette société très hiérarchisée. La rencontre de Nzudie et de Jean-Luc Cramatte s’est produite à Yaoundé en 2006. À cette date, Cramatte monte dans le quartier de Bastos un projet patrimonial, il s’intéresse à la production des photographes de rues. Dans la capitale camerounaise, ils sont des centaines à effectuer le premier travail photographique demandé par le client, le portrait bien sûr, mais aussi la reproduction d’anciennes photographies (à même le sol du trottoir), la vie des cabarets de la grande cité, les mariages ou les anniversaires. Cramatte récolte, trie, retravaille les photo- graphies invendues, ajoute couleurs et collages. Il note les phrases entendues : « La photographie se jette, elle disparaît le jour même » ; « Nous faisons de la photo taxi, nous ne savons jamais où elle termine sa course » ; « Nous sommes les photographes de l’insouciance ». Fascination pour une production sans lendemain, troublante d’obstination, cette série fait écho à celles de Cramatte dans Poste mon amour (Lars Müller Publischers 2008) et Bredzon Forever (Idpure 2010).

Exposition réalisée avec le soutien de l’État de Fribourg, Suisse et le musée de l’Élysée, Lausanne.
Tirages réalisés par Janvier, Paris.
Encadrements réalisés par Plasticollage, Paris. et l’Atelier Émilie, Paris.
Exposition réalisée avec le soutien de l’État de Fribourg, Suisse et le musée de l’Élysée, Lausanne.
Tirages réalisés par Janvier, Paris.
Encadrements réalisés par Plasticollage, Paris et l’Atelier Émilie, Paris.

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