Édition 2023

PRÉSENTÉE PAR Florida Lothringer 13, Munich, Allemagne

Hien Hoang

De l’autre côté de l’océan

« Tout va bien de l’autre côté de l’océan », assurait la tante de Hien Hoang dans une lettre à sa famille, écrite à Berlin en 1988. Fraîchement arrivée du Viêt Nam pour travailler comme contractuelle, elle reflétait ainsi dans ses mots la satisfaction factice dont il faut faire preuve pour s’intégrer dans une société étrangère. Malgré les discriminations omniprésentes, la « bonne immigrée » ne doit pas se plaindre.

Lorsque Hoang rend visite à sa tante en 2014, elle est frappée par le fossé entre le ton léger des lettres et les difficultés de la vie réelle. S’installant elle-même en Allemagne par la suite, Hoang fait face aux mêmes clichés que sa tante et y réagit de façon plus active. De l’autre côté de l’océan [Across the Ocean] est une provocation, un défi opposé aux stéréotypes véhiculés par la société occidentale sur les personnes asiatiques.

Les tableaux jouent avec le désir orientaliste de consommation des cultures exotiques ; avec la soif d’expérimentation de l’inconnu, sous une forme satisfaisante pour un public mondialisé ; avec la coexistence opportune de la populaire « cuisine asiatique » et de la fétichisation du corps des femmes asiatiques. En représentant la culture comme un lot de marchandise, Hoang livre son point de vue sur l’homogénéisation imposée à des communautés pourtant foncièrement différentes, réduites à l’identité unique d’une diaspora.

L’artiste utilise la distorsion physique comme une métaphore de la déformation identitaire. Elle fracture l’image pour souligner l’écart entre la perception occidentale des Asiatiques et notre propre image de nous-mêmes dans le monde ; elle questionne l’attribution des termes « personne de couleur » ou « Asiatique » lorsqu’on vit au sein d’une diaspora. Malgré l’étouffement provoqué par le poids de l’identité, l’immigrée idéale doit apprendre à sourire sans sourciller. En construisant une image aux antipodes des tropes répandus, Hoang incarne, à travers la performance, son refus d’enfermer l’identité dans une case.

Tanvi Mishra

Commissaire : Tanvi Mishra.

Avec le soutien de la Fondation Louis Roederer et de Polka.

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