Édition 2023

PRÉSENTÉE PAR JOJO, Mumbai, Inde

Riti Sengupta

Ce que je ne peux pas dire à voix haute

Après huit ans d'indépendance, Riti Sengupta retourne vivre chez ses parents pendant la pandémie. À l’aune de ce rapprochement, elle réalise à quel point la dynamique de sa famille est empreinte de mécanismes patriarcaux, qui s’expriment dans les détails de la vie quotidienne. Ce que je ne peux pas dire à voix haute [Things I Can’t Say Out Loud] est un dialogue intergénérationnel entre mère et fille, qui donne l’occasion à ces dernières de mettre au jour leurs identités de femmes au sein du foyer.

Pour appréhender l’acceptation confortable de la position de sa mère au sein de la maison, Sengupta a initié ce qu’elle appelle des « conversations de cuisine ». En écoutant les histoires de ses aînées, elle a parcouru les archives familiales avec sa mère. Le contraste entre les vies de ces femmes avant qu’elles ne se marient et enfantent, et leur existence par la suite était saisissant : Sengupta a vu la personnalité de sa mère étouffée sous le poids des obligations qui lui incombaient au sein du foyer. Bien qu’elles témoignent du temps qui passe, les archives ne révèlent pas cette dichotomie. Pourquoi les albums de famille ne reflètent-ils que rarement ces aspects de la vie domestique ?

Intriguée par cette absence, l’artiste tente de donner forme à ces oppressions intangibles qui se déploient dans les interstices des réalités quotidiennes des femmes. Le patriarcat se niche dans les gestes subtils du quotidien, dans la charge domestique assumée par les épouses, les mères et les filles, dans le désir d’idéaliser leur générosité inconditionnelle. Le mythe de la famille idyllique de classe moyenne repose sur l’invisibilisation de nombreuses formes de travail. C’est au service de cet effacement que l’on attend des femmes qu’elles fassent preuve de retenue en permanence. Les conversations entre mère et fille se transforment en performances collaboratives et sont l’occasion – pour les deux protagonistes – d’interroger leurs réalités respectives. À travers un langage dynamique, elles répondent plus généralement aux politiques familiales, maritales et domestiques.

Tanvi Mishra

Commissaire : Tanvi Mishra.

Avec le soutien de la Fondation Louis Roederer et de Polka.

Avec le soutien de la VII Foundation.

  • Partenaires institutionnels

    • République Française
    • Région Provence Alpes Côté d'Azur
    • Département des Bouches du Rhône
    • Arles
    • Le Centre des monuments nationaux est heureux de soutenir les Rencontres de la Photographie d’Arles en accueillant des expositions dans l’abbaye de Montmajour
  • Grands partenaires

    • Fondation LUMA
    • BMW
    • SNCF
    • Kering
  • Partenaires médias

    • Arte
    • Lci
    • Konbini
    • Le Point
    • Madame Figaro
    • France Culture