Hoja Santa est l’histoire d’un voyage. C’est tout d’abord l’impérieuse nécessité de se comprendre à travers le regard d’autrui : l’expression d’un miroir primordial. C’est le résultat d’un cheminement psychogéographique, au cours duquel Maciejka Art rencontre le besoin de rassembler les morceaux épars de son âme.
 
Sur la Costa Chica, lieu magique et retiré, vit une communauté afrodescendante, fragment de l’âme kaléidoscopique mexicaine qui ne figure que depuis peu sur les cartes historiques et politiques. Les femmes de cette communauté détiennent les clefs d’accès aux rituels ataviques qui ouvrent la voie à la nature profonde des émotions. Elles sont « curanderas », « parteras », pêcheuses, amantes et activistes. Elles incarnent la résistance dans l’éternel conflit avec le masculin.
 
Les collages deviennent ainsi des cartes viscérales façonnées par le temps et les émotions. Les signes, les entailles et les couleurs qui émanent des rencontres et des cicatrices restituent un sens aux images et aux souvenirs photographiques contaminés par plusieurs couches de narration onirique. Le désir d’exprimer ses émotions sur un mur sombre, pour en faire émerger des visages et des lieux. Un trait d’ombre traversé par un étroit passage. Un rite chamanique. Depuis le contrepoint subjectif des projections et des sons, le regard de Maciejka Art cherche un reflet au bout de son chemin labyrinthique. C’est un endroit sombre et mystérieux, une ombre jungienne qui donne le vertige lorsque l’on s’y aventure. L’accès à une caverne : un lieu de transition comparable au ventre maternel. Lieu de notre naissance et de notre renaissance symbolique – site cosmique connecté aux profondeurs des abysses et à l’espace sidéral.
 
Ramon Pez