Édition 2006
GILLES CARON – DON McCULLIN
Chant / Contrechant : 1967-1970
« Gilles est parti au Cambodge, je l’ai accompagné à l’aéroport du Bourget. C’était la dernière fois que je le voyais. Il a disparu, fait prisonnier par les Khmers rouges. On ne saura jamais rien. Il a laissé une femme et deux filles. Gilles Caron a été important pour moi, bien sûr on a partagé des reportages ensemble au Tchad, au Biafra, dans les Territoires occupés, à Paris. Mais c’est surtout de nos discussions que je garde le meilleur souvenir, quand il m’a raconté son mai 68 au café le Petit Suisse à mon retour d’Arabie, ses colères contre l’injustice dans le monde. Nous parlions de journalisme, de technique, de philosophie. Il aimait la vie, il la vivait à 100 à l’heure, comme s’il savait qu’il avait peu de temps à vivre. C’est le meilleur photographe de reportage de cette période, 1967-1970, rapide, toujours le mieux placé. Il savait ce qu’il photographiait, je ne peux mieux dire concernant un reporter d’actualité. C’est surtout un grand photographe. Je regrette que les institutions publiques françaises ne lui donnent pas une vraie reconnaissance, peut-être que c’est encore trop tôt. Je tenais à exposer cette rencontre et ce regard parallèle qu’il avait avec un autre grand reporter anglais, Don McCullin. C’est la première fois que nous montrons cette incroyable histoire de leur rencontre. D’abord après avoir été les mieux placés dans cette guerre éclair des Six jours en 1967, sans s’être rencontrés vraiment. Ils deviennent amis au Biafra quelques mois plus tard. Ils photographient ensemble cette guerre civile l’un pour le Sunday Times à Londres l’autre pour l’Agence Gamma. Ils sont au Viêtnam l’année suivante dans des endroits différents, l’un à Hué et l’autre sur les collines, photographie exceptionnelle. Partant au Tchad, nous croisons McCullin au Bourget qui part lui aussi mais du côté français, photographier la légion. Nous partons avec les rebelles de l’autre côté, en passant par la Libye. Un mois plus tard, nous allons être faits prisonniers. Nous avons alors beaucoup pensé à Don McCullin qui aurait pu nous photographier les bras en l’air en train de nous rendre dans une embuscade à Aozou. Un mois après, Gilles part au Cambodge tout seul, Don McCullin le rejoint quelques jours plus tard. Mais à son arrivée à Phnom Penh, dans un hôtel, dans un coin, il trouve les affaires de Gilles. Tout de suite, il sait qu’il a disparu et qu’il ne reviendra plus jamais. »
Raymond Depardon
Chant / Contrechant : 1967-1970
Dès la Guerre des Six Jours en juin 1967 et durant trois ans, le Français Gilles Caron et le Britannique Don McCullin, concurrents et amis, se sont trouvés ensemble, à six reprises sur les mêmes zones de conflits. Du Moyen-Orient au Viêtnam, du Biafra à l’Irlande du Nord, du Tchad au Cambodge. Ces trajectoires croisées des deux « photographes de guerre » s’interrompent en avril 1970. À mi-chemin entre la capitale du Cambodge Phnom Penh et le Viêtnam sur la route n° 1, Gilles Caron est capturé avec deux autres Français par les forces khmers rouges dans la région du Bec de Canard. Il devient ainsi le premier d’une série de vingt journalistes et coopérants disparus dans ce pays au printemps 1970. Il a trente ans et laisse derrière lui sa femme Marianne et ses deux petites filles, Marjolaine et Clémentine.Deux semaines plus tard McCullin parvient à son tour au Cambodge : « Je me souviens de mon arrivée dans les bureaux de l’Agence France-Presse à Phnom Penh », écrira-t-il. « À la vue de la valise de Gilles dans un coin, j’ai éprouvé le sinistre pressentiment qu’il ne viendrait jamais la chercher. » McCullin sera blessé par un obus de mortier quelques semaines plus tard. Il continuera à photographier les conflits les plus violents, comme en Irlande du Nord en 1970 et 1971, dans la foulée de Gilles Caron, qui fut parmi les rares témoins du début des « Troubles » à Londonderry et à Belfast en août 1969.
Commissaires d’exposition : Robert Pledge et Raymond Depardon.
Raymond Depardon
Chant / Contrechant : 1967-1970
Dès la Guerre des Six Jours en juin 1967 et durant trois ans, le Français Gilles Caron et le Britannique Don McCullin, concurrents et amis, se sont trouvés ensemble, à six reprises sur les mêmes zones de conflits. Du Moyen-Orient au Viêtnam, du Biafra à l’Irlande du Nord, du Tchad au Cambodge. Ces trajectoires croisées des deux « photographes de guerre » s’interrompent en avril 1970. À mi-chemin entre la capitale du Cambodge Phnom Penh et le Viêtnam sur la route n° 1, Gilles Caron est capturé avec deux autres Français par les forces khmers rouges dans la région du Bec de Canard. Il devient ainsi le premier d’une série de vingt journalistes et coopérants disparus dans ce pays au printemps 1970. Il a trente ans et laisse derrière lui sa femme Marianne et ses deux petites filles, Marjolaine et Clémentine.Deux semaines plus tard McCullin parvient à son tour au Cambodge : « Je me souviens de mon arrivée dans les bureaux de l’Agence France-Presse à Phnom Penh », écrira-t-il. « À la vue de la valise de Gilles dans un coin, j’ai éprouvé le sinistre pressentiment qu’il ne viendrait jamais la chercher. » McCullin sera blessé par un obus de mortier quelques semaines plus tard. Il continuera à photographier les conflits les plus violents, comme en Irlande du Nord en 1970 et 1971, dans la foulée de Gilles Caron, qui fut parmi les rares témoins du début des « Troubles » à Londonderry et à Belfast en août 1969.
Commissaires d’exposition : Robert Pledge et Raymond Depardon.
Exposition coproduite par Contact Press Images et les Rencontres d’Arles. Les tirages argentiques de Gilles Caron ont été réalisés par Jean-Christophe Domenech, La Chambre Noire, Paris. Les tirages argentiques de Don McCullin sont de la main de l’auteur. Gilles Caron et Don McCullin sont représentés par l’agence Contact Press Images.