Édition 2007
LAURA HENNO
Ceux qui ont déjà assisté à une éclipse totale de soleil se souviennent de ce moment à la fois inquiétant et fascinant qui précède l’arrivée de l’obscurité : les animaux se taisent et s’immobilisent, tout semble s’arrêter et attendre. On éprouve un sentiment similaire devant les photographies de Laura Henno, l’impression que le temps est suspendu, figé, et que, dans cet entre-deux, les êtres sont livrés à une force invisible et mystérieuse.
Ce sont des adolescents ou de très jeunes gens, isolés dans leur rêverie ou soudainement immobilisés par quelque chose qui nous échappe. Ils nous apparaissent clairement comme des personnages sortis d’une narration. Mais nous ne saurons rien de leur histoire, de ce qu’ils regardent, de ce à quoi ils pensent. Et, parfois, nous ne connaîtrons même pas leur visage car ils nous tournent le dos ou sont happés par l’obscurité. Les photographies de Laura Henno sont en effet souvent construites sur des contrastes très marqués de clair-obscur, le personnage étant seul dans la lumière, et ce qui l’environne délibérément laissé dans l’ombre. Lorsque toute la scène est éclairée, comme dans Freezing où la lumière blafarde recouvre le paysage d’une blancheur glaciale, demeure ce qu’on pourrait appeler « le mystère du hors-champ », la conviction que quelque chose est là, dont nous ne savons rien, qui exerce sur le personnage une invincible attraction. Ces photographies ne sont pas des portraits, elles ne se préoccupent pas de psychologie. Laura Henno met en scène des personnages dans des environnements attentivement choisis dont ils semblent indissociables : ils s’y abandonnent, se laissant aspirer et peut-être engloutir par l’obscurité ou par l’eau épaisse et trouble. On devine dans ces images le lent travail effectué par la photographe avec chaque modèle pour trouver la position juste du corps, préciser le mouvement d’une main ou celui de la nuque et choisir l’expression d’un regard. Car c’est la tension du personnage vers une présence invisible pour nous qui, à son tour, captive notre regard. La qualité des photographies de Laura Henno est sans doute due à ce qui est à la fois son immense modestie et sa fabuleuse ambition : ne pas prétendre saisir, dans un « instant décisif », ce qui serait le caractère, « l’âme » d’un personnage, mais, en sachant dépasser l’anecdote et laisser dans l’ombre ou le non-dit, parvenir à conserver intact le mystère des lieux et des êtres. Marie-Thérèse Champesme
Ce sont des adolescents ou de très jeunes gens, isolés dans leur rêverie ou soudainement immobilisés par quelque chose qui nous échappe. Ils nous apparaissent clairement comme des personnages sortis d’une narration. Mais nous ne saurons rien de leur histoire, de ce qu’ils regardent, de ce à quoi ils pensent. Et, parfois, nous ne connaîtrons même pas leur visage car ils nous tournent le dos ou sont happés par l’obscurité. Les photographies de Laura Henno sont en effet souvent construites sur des contrastes très marqués de clair-obscur, le personnage étant seul dans la lumière, et ce qui l’environne délibérément laissé dans l’ombre. Lorsque toute la scène est éclairée, comme dans Freezing où la lumière blafarde recouvre le paysage d’une blancheur glaciale, demeure ce qu’on pourrait appeler « le mystère du hors-champ », la conviction que quelque chose est là, dont nous ne savons rien, qui exerce sur le personnage une invincible attraction. Ces photographies ne sont pas des portraits, elles ne se préoccupent pas de psychologie. Laura Henno met en scène des personnages dans des environnements attentivement choisis dont ils semblent indissociables : ils s’y abandonnent, se laissant aspirer et peut-être engloutir par l’obscurité ou par l’eau épaisse et trouble. On devine dans ces images le lent travail effectué par la photographe avec chaque modèle pour trouver la position juste du corps, préciser le mouvement d’une main ou celui de la nuque et choisir l’expression d’un regard. Car c’est la tension du personnage vers une présence invisible pour nous qui, à son tour, captive notre regard. La qualité des photographies de Laura Henno est sans doute due à ce qui est à la fois son immense modestie et sa fabuleuse ambition : ne pas prétendre saisir, dans un « instant décisif », ce qui serait le caractère, « l’âme » d’un personnage, mais, en sachant dépasser l’anecdote et laisser dans l’ombre ou le non-dit, parvenir à conserver intact le mystère des lieux et des êtres. Marie-Thérèse Champesme
Exposition organisée avec l’aimable soutien du Fresnoy-Studio national des arts contemporains.