Édition 2007

MARILYN MINTER

En 1969, Diane Arbus se rendit dans une classe de l’université de Floride à Gainesville et dirigea une session de lecture de travaux d’élèves. Marilyn Minter n’était pas inscrite à ce cours, mais son professeur l’encouragea à venir montrer ses tirages de travail. Minter ignorait alors qui était Arbus mais sa série de photographies, Coral Ridge Towers, fut le seul travail qui plut à Arbus ce jour-là. Il témoignait d’un week-end de la vie de Honora E. Laskey Minter, recluse gavée de cachets et mère de l’artiste, une femme fantôme épuisée, s’accrochant aux canons de la beauté hollywoodienne qu’elle était vouée à ne pouvoir atteindre. Pour Minter, ces photos n’étaient que l’image de la vie à la maison ; mais, en dépit de l’imprimatur de Arbus, ses camarades furent horrifiés et elle conserva les négatifs vingt-cinq ans sans les faire tirer. En 1995, Minter décida enfin de tirer la série Coral Ridge Towers. Elle prit un appareil photo et commença, pour la première fois depuis des années, à réaliser des peintures basées sur ses propres images au lieu de celles des médias, s’attachant toujours aux représentations commerciales de la féminité. Marilyn Minter commença à exploiter le vocabulaire de la photographie pour étudier jusqu’où il avait refaçonné notre vision et pour interroger la distinction traditionnelle entre les modes d’expression artistiques et populaires. Les photos sont à la fois la source de ses peintures photoréalistes et œuvres à part entière. Ses images se font ­l’écho d’une manière abstraite et fragmentée de regarder le corps datant des années 1920 quand les propriétés mécaniques de la discipline – cadrage et longueur focale – se reflétaient dans les photographies surréalistes de Man Ray et Jacques-André Boiffard. Serrant ses sujets au plus près, qu’ils soient chaussure, œil ou bouche, Marilyn Minter corrompt le glamour du désir. Ses images sont toujours à la limite du photoréalisme et de l’abstraction : en se concentrant sur les détails, elle déclenche toujours son appareil juste avant que l’image ne devienne floue.
 
Extrait d’un texte de Joshua Shirkey, 2006.

Exposition organisée avec la collaboration de la galerie Salon 94, New York.

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