L'esprit du séminaire par Francis Jolly, directeur adjoint de la Maison du Geste et de l'Image.
Se trouvant sans doute trop « propres », trop parfaits les pixels de nos téléphones et appareils photographiques se réapproprient grâce à de nombreuses applications les émulsions d’antan, les approximations, les « accidents créatifs ». Ils nous proposent, pour pas trop cher, d’introduire ces « accidents » que nous mettions des heures à faire disparaître, ils nous dispensent des choix cornéliens de pellicules, ils nous répandent sur écran des dominantes que nous corrigions à grands renforts de filtres. Alors régression ou poursuite logique d’un courant toujours présent de la photographie : « La photo pauvre » ou « pratiques pauvres »?
En effet, au premier abord la pratique et l’accès aux technologies les plus sophistiquées semblent incompatibles avec une certaine « pauvreté photographique ». Pourtant, il suffit de promener son regard sur les réseaux sociaux et les pratiques des jeunes pour constater que cadrages approximatifs, flous, contrôlés ou non, sont très présents et semblent renforcer pour les auteurs et « regardeurs » le côté vécu et authentique de ces images.
Cette année, le séminaire a pour objet de rendre perceptibles, aux éducateurs et aux enseignants, ces nouvelles pratiques de la photographie et la valeur spécifique de changement social que celles-ci peuvent induire. Pourquoi revisiter des formes, des conventions, des signes ou des techniques supposées anachroniques? Pourquoi cet engouement croissant pour l’utilisation de logiciels visant à simuler des images d’un autre temps? Qu’est-ce qui se joue dans ces pratiques « pauvres » qui enrichissent et complexifient des pratiques photographiques hybrides dont les enjeux éducatifs sont à considérer?
Les intervenants : Marie-José Mondzain, Grand Témoin, philosophe et directrice émérite au CNRS. Patrick Talbot, historien, critique d’art et de photographie. Benoît Labourdette, auteur, réalisateur et producteur, co-fondateur de Quidam production. Nicolas Thély, professeur en art, esthétique et humanités numériques à l’université Rennes 2. Nicolas Bouillard, agrégé d’arts plastiques et plasticien. Alexia Hocquette, ambassadrice Lomography France. Eric Marais, artiste photographe, fondateur Stenoflex. Raynal Pellicer, réalisateur, commissaire de l’exposition « À fonds perdus ».